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Maisons & Bois International
N°71 (Juin - Juillet 2006)

RESSOURCES NATURELLES

La forêt française représente désormais 30% de la surface de notre territoire, car elle continue de croître au rythme de 50 000 hectares par an. Les prélèvements sont estimés à 60 millions de m3 annuels, alors que la production naturelle est proche de 93 millions de m3 . La matière première est donc bien là, en abondance, ne demandant qu’à être récoltée. Il est temps que la première transformation -de la sylviculture jusqu’au sciage- relève le défi et propose des produits adaptés aux besoins de la maison en bois. Car, on comprend l’énervement de cet architecte qui importe du mélèze d’Autriche, alors qu’il travaille à proximité d’une des plus belles forêts de mélèze de France sans pouvoir s’en procurer. Bien d’autres exemples pourraient illustrer ce propos. Pin du Nord ou essences exotiques ont leurs équivalents sous nos latitudes. Il suffit de... On peut, comme nous le prouve cet étonnant couple de bricoleurs breton, acheter du bois sur pied, le tronçonner, le façonner avec une scierie mobile, et monter sa maison tout seul !

Néanmoins, comme le dit Romuald Marlin, l’architecte "en colère" : "Le bois est une introduction à un concept plus global. Il pousse à aller plus loin vers le bio-climatisme, les économies d’énergie et l’utilisation de ressources renouvelables". Il le prouve en construisant des maisons proches de l’autonomie énergétique. Son architecture s’attache à intégrer au mieux les conditions climatiques. Capter, stocker et restituer les présents de la nature. Cela vaut pour les calories offertes par le soleil et la terre ou l’eau fournie par les nuages. Dans le reportage que nous consacrons à l’une de ses réalisations, vous découvrirez une maison autonome en eau sanitaire et buvable, autonome en eau chaude, presque autonome en électricité, et dont la consommation de chauffage est 4 à 5 fois inférieure aux normes françaises !

Nombre des systèmes qui permettent d’utiliser ces ressources naturelles sont encouragés par des aides financières. Qu’elles soient européennes, étatiques, régionales ou locales, sous forme de subventions ou de crédits d’impôts, elles vont permettre d’amortir les équipements en 6 à 7 ans. Dernière en date, l’aide pour la récupération des eaux pluviales vient tout juste d ?être votée. Il ne manque plus qu’un relèvement du prix de rachat du kW par l ?EDF pour que le photovoltaïque passe d’un choix éthique à une véritable démarche économique. Enfin, si l’emploi de matériaux de construction sains et renouvelables est désormais une nécessité, le bilan environnemental serait bien meilleur si, plutôt que de les transporter sur des milliers de kilomètres, on privilégiait les ressources locales. La forêt française, par la diversité et la qualité de ses essences, est un jardin très fertile, mais un jardin dont on ne récolterait que deux fruits sur trois. Est ce bien raisonnable ?

Christophe Faure

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