Les archives de Maisons & Bois

Guide pratique de la maison positive
N°22 

Habitat-fiction

Dans la gazette municipale, vous venez de découvrir un appel à projet lancé par la Mairie. Elle libère un beau terrain dans un environnement privilégié, entre commerces et écoles, proche des arrêts de transport public. La commune refuse toute cession à un promoteur immobilier traditionnel. Pour faire acte de candidature, il faut s’engager dans une approche citoyenne, car le cahier des charges impose des espaces verts, des locaux partagés, des énergies renouvelables, des stationnements et une certaine mixité, avec des couples jeunes, des personnes âgées, du privatif et du logement social. Ni une, ni deux, vous rejoignez un groupe informel. Après discussions, les idées se précisent. Les plus déterminés s’engagent à constituer une société d’autopromotion et une coopérative d’habitants. Ces nouvelles structures juridiques offrent toutes les garanties pour négocier les emprunts, construire et revendre son bien immobilier. Il s’agit d’une troisième voie pour l’immobilier, entre le logement social et le logement privé. Le projet prend forme et le terrain vous ait attribué.

Wikihouse

Il est temps de se connecter sur le site internet Wikihouse. Grâce à un partage des données et une mise en commun des logiciels à l’échelle planétaire, vous allez pouvoir élaborer, sans compétence particulière, le plan de votre maison. Car, vous ne voulez pas consacrer la majeure partie de vos ressources financières pour vous loger et vous voulez privilégier une solution économique. Il est hors de question de s’engager sur des crédits immobiliers de 140 ans en moyenne comme le font les Suédois, endettés à 177 % de leur revenu disponible. Sur Wikihouse, la base de données vous permet de finaliser vos plans d’architecture, puis de les traduire en plans d’exécution, avec tous les éléments techniques, les listes de fourniture et le dossier de permis de construire. Vous voici devenu architecte-bâtisseur.

Plans d’exé

Vous optez pour un système constructif en bois. Vous transmettez par internet les plans d’exécution à un atelier disposant d’une machine à commande numérique proche de chez vous. En quelques heures, elle va débiter, percer, entailler et numéroter toutes les pièces nécessaires à la construction, de façon automatisé. Il ne vous reste plus qu’à prendre livraison et convaincre quelques amis de vous donner un coup de main pour le montage.

Positif

La maison est achevée. Reste à l’agencer et à la meubler. Une petite visite à la grande enseigne suédoise de mobilier s’impose. Elle propose une nouvelle gamme de produits selon le principe : « Puisqu’on vous vend tout ce qui consomme de l’énergie dans la maison, pourquoi ne pas vous vendre tout ce qui produit de l’énergie ? ». Au rayon « photovoltaïque », vous faites l’acquisition d’un kit complet pour 6 800 €, réglé à crédit avec la carte de financement du magasin (Déjà en Grande-Bretagne, bientôt en France). L’équipement est simple à monter et vous assure un retour sur investissement en sept ans. Il vous permet d’obtenir sans encombre le label « positif », puisque désormais votre demeure produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme annuellement.

Sans émetteur de chaleur

Il est vrai que cette maison ne possède pas le moindre appareil de chauffage. Aucun radiateur, ni même un petit poêle à bois. Il vous suffit juste d’un peu de soleil et la récupération de la chaleur dégagée par les habitants dans leurs activités quotidiennes pour se nourrir, se laver, se distraire. Absolument rien de plus, alors que vous habitez en Alsace, réputé pour son climat dit « continental  », synonyme d’hivers longs et rigoureux.

Fiction-réalité

Tous les « outils » de ce scénario d’habitat-fiction sont bel et bien déjà disponibles. Ils ne vont pas manquer de s’affiner dans les prochaines années et sont à découvrir dans ces pages.

Plus terre-à-terre

La subvention de 1 350 € pour les travaux d’amélioration thermique de l’habitat est une opportunité à saisir, car les prix de l’énergie sont à la hausse. En particulier ceux de l’électricité qui tient une place étonnante en France. Le poids des lobbys y est tout simplement incroyable, comme le démontre l’histoire de l’étiquette énergie. Néanmoins le potentiel d’économie est à la hauteur car les 20 % des foyers français les plus « électrivores » consomment six à neuf fois plus d’électricité que les plus sobres, hors chauffage. Du travail en perspective.

Christophe Faure

Commandez ce numéro