Les archives de Maisons & Bois

Guide pratique de la maison positive
N°20 

Se préparer à payer plus cher !

Pour tous les spécialistes, la hausse des prix de l’énergie est inéluctable. La France bénéficie d’une situation particulière grâce au nucléaire et aux prix régulés qui maintiennent le prix de l’électricité 25 % moins cher que la moyenne européenne. Mais, les énergies fossiles, qui représentent 70 % de nos consommations, sont importées à 97 %, et cette situation de dépendance pousse inexorablement à la hausse. D’autant que les prix régulés n’incluent pas la modernisation et le démantèlement des installations nucléaires, dont les coûts se chiffrent en dizaines de milliards d’euros. Une pression supplémentaire sur le prix de l’électricité qui devrait augmenter de 30 à 50 % d’ici 2020.

Efficacité passive ou active ?

Dans ce contexte, les grands groupes industriels fourbissent leurs armes. Soyons caricaturaux quelques instants, et relevons trois tendances : – D’un côté, nous trouvons ceux qui prônent l’efficacité « active » et la régulation grâce à des réseaux de pilotage et des compteurs intelligents. La France compte quelques leaders mondiaux dans ce domaine dont l’objectif principal n’est pas de réduire les volumes mais de les gérer, grâce à des solutions rapides et peu coûteuses à mettre en oeuvre. Cependant, la rentabilité est limitée pour le consommateur. En filigrane, ces sociétés souhaiteraient que la France fasse office de laboratoire pour développer rapidement un modèle de transition énergétique exportable dans le Monde entier. – Viennent ensuite les tenants de l’efficacité « passive » qui défendent une baisse sensible des consommations d’énergie grâce à l’isolation des bâtiments. Un choix initial plus onéreux, des travaux plus lourds, mais des économies bien plus importantes, durables et assurées. Pour les plus optimistes d’entre eux, il suffit de réduire la consommation de 10 % par an pour neutraliser l’augmentation des prix des énergies. – Le troisième groupe d’industriels, les producteurs et distributeurs d’énergies, ne voit pas du tout les choses sous cet angle. Même s’ils sont tenus de réduire leurs consommations et leurs émissions de gaz à effet de serre, les « énergéticiens  » veulent vendre plus d’énergie. Ils s’élèvent contre ces « écolos adeptes de la décroissance », car « Le problème n’est pas de faire baisser les consommations, mais d’anticiper la croissance de la demande ».

Vos 1 350 €

Quel rôle vient jouer le consommateur dans ce débat sur la transition énergétique ? Il est au coeur des enjeux, car le logement représente 44 % des consommations en France. Le plan en « 20 mesures pour le logement » concentre ses actions sur la rénovation thermique pour agir sur l’énergie. La mesure emblématique de cette action gouvernementale est le versement d’une prime de 1350 € pour financer des travaux. La somme est d’importance, d’autant qu’elle vient en complément d’autres dispositifs d’aides financières. Faut t’il en profiter ? Oui, parce que les 2/3 des ménages devraient pouvoir l’obtenir. Oui, car elle ne devrait fonctionner que deux ans. Oui, parce que tout investissement en rénovation thermique est rentable. Oui, parce que l’énergie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas. Oui, parce qu’elle assure de travailler avec des artisans qualifiés et agréés. Cela fait déjà quelques bonnes raisons d’agir !

Objectif de performance

Pour tous les logements construits avant les années 80, l’ampleur des pertes de chauffage mérite de concevoir un plan de rénovation thermique. Il s’agit de phaser les travaux selon un ordre cohérent de priorité pour atteindre un objectif de performance préalablement défini. Puis, selon le rythme qui convient, réaliser les travaux en plusieurs étapes sur quelques mois ou quelques années. Cela évite par exemple, d’isoler un toit avant d’y implanter des panneaux solaires, ou d’acquérir une chaudière dont la puissance sera surdimensionnée une fois que les travaux d’isolation auront été réalisés. Dans chaque secteur, les techniques évoluent très vite, les prix aussi. Au sommaire de ce numéro, nous faisons le point sur les isolants minces, le solaire thermique, le photovoltaïque, la récupération des eaux de pluie. Nous consacrons aussi une large place aux « espaces intermédiaires », ces petits volumes tampon, qui apportent une dimension « plaisir » à la conquête de la performance.

Christophe Faure

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