Les archives de Maisons & Bois

Guide pratique de la maison positive
N°12 

Où sont les niches ?

En 2007, à l’aube du Grenelle de l’Environnement, les promesses de la « croissance verte » se traduisaient en chiffres spectaculaires : 450 milliards d’euros d’investissement, 600 000 emplois, 23 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2020. Face à ce tableau idyllique, Jean-Louis Borloo, enclenchait les réglementations techniques et les incitations fiscales qui allaient servir de leviers pour cette croissance verte, bel espoir de développement de nos économies vieillissantes. Cet été, le Ministre de l’Écologie présentait la réglementation thermique 2012. Il s’agit désormais de faire un « saut énergétique aussi important que celui réalisé ces trente dernières années. ». Un saut qui va diviser par trois les consommations énergétiques des bâtiments neufs. Mais, si les objectifs sont clairement affichés, les incitations gouvernementales deviennent, elles, de plus en plus complexes à déchiffrer, quand elles ne se réduisent pas à la portion congrue. Rien que pour le secteur photovoltaïque, on recense déjà une douzaine de textes réglementaires qui s’empilent en un mille-feuille administratif. D’un enjeu planétaire dans lequel la France entendait prendre la place de leader européen, le débat sur « La croissance verte » tend à transformer les leviers de cette politique en « niches fiscales à raboter ».

Au 30 septembre 2010, dans une décision à effet immédiat, le crédit d’impôt pour l’installation de panneaux photovoltaïque a été divisé par deux. Au 1er janvier 2011, le « Prêt à Taux Zéro-Plus » remplacera le Pass Foncier, avec des conditions d’attributions encore plus restrictives. On évoque des réductions de crédit d’impôt sur la pompe à chaleur (de 40 à 36 %) et le double vitrage (de 25 à 22,5 %), ainsi que des réductions sur la liste des travaux éligibles aux aides pour la fin de l’année. Les mots sont durs quand on lit dans Les Échos : « Après des années de dérapage, les avantages fiscaux liés à l’écologie figurent parmi les premières victimes de la chasse aux mauvaises dépenses »… Ou comment, en trois ans presque jour pour jour, l’idée d’un gisement formidable de croissance verte deviendrait un puits sans fond de gabegie écologique

Tous ces virages fiscaux, cette complexité administrative et ces exigences techniques ne peuvent que perturber le processus de décision du consommateur. Rénover ou construire un bien immobilier aux performances thermiques de qualité est déjà un cheminement technique long et complexe. Y ajouter un cadre réglementaire et financier sans cesse changeant ne plaide vraiment pas dans le sens d’une politique durable qui encourage et rassure l’acquéreur.

Heureusement, il y a des niches bien plus audacieuses et sympathiques ! Pour économiser l’énergie et utiliser au mieux les ressources gratuites, les idées nouvelles fourmillent. Ici, c’est un conduit double flux qui apporte l’air frais nécessaire à la combustion par le même chemin que l’évacuation des fumées. Là, c’est une « façade intelligente » qui suffit à dispenser une maison de système de chauffage. Dans le neuf comme en rénovation, il apparaît que la conception architecturale et la recherche de performances thermiques doivent être menées de front par des équipes pluridisciplinaires dès l’origine du projet, quand il s’agit de tirer parti de tous les atouts d’un site.

Enfin, nous tenons à remercier tous les lecteurs pour l’accueil qu’ils ont réservé à la nouvelle formule de ce magazine. Merci encore pour vos encouragements.

Christophe Faure

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